Les villes françaises envisagent depuis peu des programmes de lutte contre les discriminations, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, en tant qu’employeuses, les instances municipales mettent en place des plans de lutte contre les discriminations auprès de leurs salarié.e.s, notamment en évaluant les carrières comparées des femmes et des hommes (Mosconi, Paoletti, Raibaud, 2015), mais aussi la diversité de leurs organigrammes (Meziani, 2014). Ces bilans sociaux genrés ou ces politiques de diversité décrivent l’inscription progressive d’un souci de lutte contre les discriminations au niveau municipal ; ceci est perceptible notamment dans les nouveaux plans de cohésion sociale des villes. En effet, dans un contexte français (puisque c’est dans ce dernier que nous situons notre réflexion), le commissariat général à l’égalité des territoires ou l’agence de cohésion sociale et pour l’égalité œuvrent activement, depuis 2014, à l’amélioration de la prise en compte de ces questions par les municipalités (qui, pour quelques-unes d’entre elles, avaient notablement avancé en la matière). Mais les villes sont également confrontées à la question des discriminations offrant des services à des administré.e.s qui, en retour, peuvent exprimer un sentiment de discrimination ou alerter de discriminations réelles. Ainsi, certaines enquêtes sur la police municipale (Malochet, 2007) ou d’autres, plus nombreuses, concernant les logiques de rénovation et de réhabilitation des villes (Epstein, 2013), laissent entrevoir l’éclosion d’un sentiment de discrimination important. Un dernier front mobilise les villes en termes de lutte contre les discriminations : la gestion de l’espace public.
